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Accueil > Articles professionnels > SOA : 10 ans après (18/12/2012)
SOA : 10 ans après (18/12/2012)


A l’image de ce que peuvent être actuellement le Cloud Computing, le Big Data et le BYOD (la fameuse consumérisation de l’IT), le début des années 2000 aura été marqué par la tendance majeure des SOA, véritable "buzzword" dont l’apogée fut autour de 2005.

Porté en louanges par les analystes en tête (Gartner, Forrester, IDC, ...) et repris en cœur par tout l’écosystème du business IT de l’époque (presse, cabinets de conseil en SI et SSII, éditeurs, ...), ses promesses étaient grandes au point de lui assurer un avenir tout tracé :
  • Moderniser à moindre coût les SI vieillissants reposant sur les technologies Mainframe des années 1980, surtout dans les Banques et la Finance
  • Assurer un meilleur assemblage entre les différentes couches et silos des SI, assuré par les normes WebServices
  • Rationaliser les échanges de données internes et externes au SI et ainsi éviter les "plats de spaghetti", grâce aux bénéfices du modèle EAI améliorant l’intégration des applications via le fameux "couplage lâche", basé sur les bus de services (MOM ou Middleware Orienté Message), et qui fut rebaptisé ESB pour l’occasion

Bien évidemment, avec une telle "machine à buzz" enclenchée, tous les DSI ont rapidement voulu lancer leur propre expérimentation SOA afin, avouons-le, de pouvoir briller en société auprès de leurs confrères. Puis des projets SOA d’envergure ont été lancés, certains allant même jusqu’à la refonte complète du SI existant.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, les SOA sont depuis longtemps sortis du Hype Cycle du Gartner, synonyme de l’atteinte d’un bon niveau de maturité. A l’aube de 2013, soit presque 10 ans après l’apparition du concept SOA, quel bilan peut-on en tirer ?

Premier bilan, force est de constater que la quasi-totalité des entreprises d’une certaine importante ont pratiqué les SOA, que le résultat soit en bien ou en mal. Trop ambitieux, certains projets n’auront jamais atteint le ROI escompté ou ont tout bonnement été arrêtés avant leur terme. A l’inverse, d’autres projets plus ciblés peuvent être qualifiés de succès, car apportant une plus-value indéniable (et parfois même un ROI positif, lorsqu’il est quantifiable).

Deuxième bilan, il faut bien avouer que cette tendance a généré un chiffre d’affaire conséquent pour l’industrie de la prestation informatique et des éditeurs, qui ont progressivement professionnalisé leurs offres. Bien évidemment, le marché s’est concentré et les "pure-players" surfant sur la vague du début ont progressivement tous été rachetés par de plus grosses sociétés pour muscler leur crédibilité sur ce segment (excepté peut-être les éditeurs Open Source, comme toujours un peu à la marge).

Mais probablement le constat le plus intéressant à retenir, c’est qu’il n’existe finalement pas de projet SOA type. En effet, chaque entreprise a adapté ce concept à sa manière, navigant allègrement entre les différentes offres proposées sur le marché (modèle d’architecture, d’intégration et/ou de gouvernance ; type de progiciel voire implémentation spécifique ; périmètre presque limité à un POC/prototype ou au contraire refonte complète intégrant les volets MDM, BPM, ... ; géré en interne ou délocalisé en offshore ; ...).

Prenons l’exemple concret de la Banque Postale, grande banque française ayant un portefeuille de dix millions de clients. Comme beaucoup de banques, le cœur métier de son SI est basé sur du mainframe IBM z/OS, certes très robuste mais peu évolutif et surtout peu intégrable avec les technologies IT plus récentes. Pourtant, l’ensemble des données stockées par ce système est accessible et modifiable via plusieurs centaines de services à plus ou moins forte valeur ajoutée (certains unitaires et d’autres fonctionnellement plus riches), tous soigneusement catégorisés dans un référentiel "fait maison" et gérés via une gouvernance et des processus créés spécifiquement pour l’occasion. Ensuite, via des technologies de "modernisation du SI" comme Scort/Metrixware ou plus couramment IBM CICS Transaction Gateway (CTG) qui permettent de transformer un service Cobol (ancien langage couramment utilisé sur les mainframes) en service Java, il est tout à fait possible d’invoquer n’importe lequel de ces services depuis une quelconque application Java/JEE classique.

Nous avons donc là (presque) tous les principes de base d’une architecture SOA, et même de sa gouvernance, mais sans aucune des suites progicielles complexes et couteuses de l’époque, telles que webMethods, Tibco, IBM WebSphere, BEA, ... Et peut-on dire que cette implémentation soit mauvaise, ou à minima moins bonne ? Assurément non.


Au final, retenons que même si les SOA sont un peu passés de mode, elles sont loin d’être enterrées. En effet, de nombreux préceptes de base restent tout à fait d’actualité, comme le couplage lâche, la structuration du SI en empilement de strates successives et les offres de services. De fait, on peut en déduire que les SOA auront imprimé une empreinte notable dans la manière d’urbaniser les SI. Mais cette empreinte sera t’elle durable, notamment avec l’avènement du Cloud Computing qui semble remettre en cause certains principes ?



Christophe DEMULDER (@cdemulder)



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